Balade photo : Abney Park Cemetery

Londres, octobre 2016

En 2016, je me suis offert une petite escapade à Londres, et comme souvent quand je voyage, j’ai emporté mon appareil photo pour partir en balade. J’adore flâner dans des endroits un peu hors des sentiers battus, appareil en main, et capturer des bouts d’ambiance, des détails qui racontent une histoire. Ce jour-là, c’est au cimetière d’Abney Park, à Stoke Newington, que mes pas m’ont menée.

Abney Park fait partie des fameux Magnificent Seven, ces sept grands cimetières victoriens construits au XIXe siècle pour désengorger Londres. Ouvert en 1840, il a la particularité d’être à la fois un cimetière et un arboretum — le premier en Europe à combiner les deux. À l’époque, il comptait plus de 2 500 espèces d’arbres et d’arbustes, tous étiquetés et disposés alphabétiquement autour du site, de A pour Acer (érables) jusqu’au Z pour Zanthoxylum (arbres américains).

Dès l’entrée, on est accueilli par un portail imposant dans le style néo-égyptien, décoré de hiéroglyphes qui signifient “la demeure de la partie mortelle de l’homme”. Derrière, un réseau d’allées ombragées serpente entre des pierres tombales couvertes de mousse, des anges penchés, des croix qui semblent prêtes à basculer.

Aujourd’hui, la nature a largement repris ses droits : les chemins disparaissent sous le lierre, les racines bousculent les dalles, certaines tombes se perdent dans les broussailles. L’atmosphère est incroyable, à la fois paisible et mélancolique, comme un mélange de jardin botanique oublié et de mémoire figée. Par endroits, la lumière filtre à travers les arbres et éclaire juste ce qu’il faut pour lire un nom ou une date gravée il y a plus d’un siècle.

J’ai passé des heures à me perdre dans ce labyrinthe vert et silencieux, à chercher le meilleur angle, à m’attarder sur les inscriptions effacées, à guetter les rayons de soleil qui transpercent la canopée. Ce genre de promenade me donne toujours l’impression de voyager dans le temps… et dans un Londres que peu de touristes prennent le temps de voir.

Bref, c’est ce genre de promenade que j’adore — appareil photo en main, capter l’étrangeté douce, la poésie d’un lieu un peu oublié, et en ramener des images qui racontent une histoire. Ces photos, c’est un peu ma capsule temporelle : tombes, arbres, détails gothiques, vie sauvage qui s’invite… Abney Park, c’est un Londres que j’ai visité en invité discret, égaré avec plaisir entre des tombes oubliées, des arbres centenaires, et cette sensation d’être, l’espace d’un instant, hors du monde.

Benzedrine