Bly Manor inspired

Je l’attendais avec impatience, The Haunting of Bly Manor a enfin débarqué sur Netflix. Autant dire que j’avais marqué le calendrier d’une pierre blanche et prévu de passer la journée sur le canapé ! Ce que je n’avais pas prévu par contre, c’est que cette nouvelle saison allait m’inspirer quelques illustrations que j’ai eu envie de partager ici…

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L’histoire est écrite. Elle est dans un tiroir fermé à clef. Elle n’en est pas sortie depuis des années.
— Henri James, "le Tour d'écrou"
 

J’ai déjà binge-watché deux fois la première saison dont je suis totalement fan. Notamment l’épisode 6 dont je ne me lasse pas… alors que je l’ai déjà revu quatre fois ! Pour ceux qui ne connaitraient pas cette série, elle a été créée par le réalisateur Mike Flanagan, à qui on doit déjà un petit paquet de films d’horreur comme Oculus, Pas un bruit, Ne t’endors pas, Ouija : les origines, Jessie ou encore Doctor Sleep. Je n’aime pas tout ce qu’il a fait. J’avais beaucoup aimé Oculus, mais Doctor Sleep m’avait franchement ennuyé. Par contre, sa démarche sur la série d’anthologie The Hunting m’éclate totalement !

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Un peu à la manière d’American Horror Story, on retrouve d’une saison sur l’autre la même équipe et casting racontant de nouvelles histoires. En s’inspirant (très librement) de chefs d’œuvre de la littérature fantastique gothique et en les remettant au goût du jour, Mike Flanagan rend ainsi hommage à la romancière Shirley Jackson pour la première saison et à Henri James pour la seconde. Dans une interview lors de la première saison, il avait notamment expliqué qu’il considérait The Haunting davantage comme un long film de dix heures que comme une série, chaque scène soutenant l’ensemble à la manière d’un chateau de carte.

Effectivement, on y retrouve une réalisation qui prend son temps. Qui laisse la place, par exemple, à de longs monologues et permet d’installer une atmosphère pesante, inconfortable. Mike Flanagan y peaufine son esthétisme en apportant un soin tout particulier aux détails, comme le fait de mettre des dizaines de “fantômes” à l’écran, presque invisibles si on ne fait pas constamment des arrêts sur images. Cachés un peu partout dans les plans, apparaissant discrètement dans l’encadrure d’une porte, dans un reflet de miroir, tapis dans l’ombre de l’escalier ou sous la table… Je ne vous fait pas la liste complète, il existe déjà des sites qui répertorient l’ensemble de ces “apparitions”. Même lorsqu’on ne les remarque pas, on ressent une forme de gêne qui se dégage des plans eux-mêmes, l’impression désagréable d’une “présence”.

 
— J’ai aimé votre histoire, mais votre prémisse était trompeuse.
— Vraiment ?
— Vous avez dit que c’était une histoire de fantôme. C’est faux. C’est une histoire d’amour.
— C’est la même chose en réalité.
— dialogue tiré de "The Hunting of Bly Manor"
 
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Pour cette deuxième saison, Mike Flanagan a fait le choix de ne pas tout porter sur ses épaules et s’est donc entouré d’une équipe de réalisateurs et réalisatrices dont il aimait le travail. Ça se comprend quand on sait qu’il a perdu près de 20 kilos pendant la production de The Haunting of Hill House… plutôt intense comme tournage ! Cette nouvelle manière de procéder apporte effectivement de la fraîcheur au projet mais joue probablement aussi un rôle dans le fait que cette deuxième saison apparaît moins “parfaitement ficelée”. Cela reste une belle réussite, mais tout simplement pas au niveau de la première saison.

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N’y voyez-là aucun regret de ma part ! D’ailleurs, j’invite tout le monde à découvrir The Haunting of Bly Manor, car son ambiance, son esthétisme et l’émotion qui s’en dégage sont parfaitement délectables ! The Haunting continue de façonner sa propre mythologie. Un univers où les fantômes expérimentent le temps et la détérioration de leurs mémoires d’une manière tout à la fois poétique et atroce. Cette deuxième saison reprend également la thématique du deuil à toutes les sauces. Explorant ses divers stades à travers une galerie de personnages aux destins tragiques. Mike Flanagan insiste cette fois sur la notion de “seconde mort” qui intervient lorsque qu’on finit par être oublié de tous, et le transpose à son tour dans l’au-delà. La décomposition des souvenirs des morts et la poursuite de leurs errances comme une forme de mémoire musculaire… voilà une notion pour le moins funeste et bouleversante. Cela nous rappelle que “Tous ces moments se perdront dans le temps comme des larmes dans la pluie” (Rutger Hauer dans Blade Runner). On est ici moins face à de l’horreur qu’à du fantastique mélodramatique. C’est au fond, une saison douce et émouvante, pleine de nostalgie avec, quand-même, quelques frissons bien dosés.

Une chose est sûre, c’est que j’attends avec encore plus d’impatience de voir ce que nous réserve Mike Flanagan dans le futur et je croise les doigts pour que The Haunting ait droit à une saison trois ! D’ici-là, je compte bien découvrir à mon tour la littérature fantastique gothique, notamment à travers les récits d’Henri James et Shirley Jackson…

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Benzedrine